Invité de Newsroom Afrika (chaîne d’information télévisée sud-africaine), Kambale Musavuli a abordé les enjeux de la « ruée vers les données de l’Afrique », une nouvelle forme d’extraction de richesses du continent. Il a expliqué comment les géants de la technologie exploitent massivement les données africaines pour entraîner leurs modèles d’intelligence artificielle, sans juste compensation ni création de valeur locale. Cette situation est aggravée par le manque d’infrastructures souveraines, comme des centres de données régionaux, rendant le continent dépendant et vulnérable.
Kambale Musavuli, dans cet échange de 8 minutes, encourage les gouvernements africains à agir en taxant les Big Tech (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, etc) pour les données extraites. Il a insisté surtout sur la nécessité de requalifier juridiquement les données en « ressource » nationale stratégique, à l’instar de la Chine, afin de protéger la souveraineté numérique du continent et de garantir que les Africains bénéficient de leur propre patrimoine informationnel.
Quelques verbatims de Kambale Musavuli, extraits de cette émission :
*Sur la prise de conscience de la valeur des données :
« Le plus grand risque pour le continent africain est notre façon de concevoir ce que sont les données. Non, les données ne sont pas un objet abstrait. Elles ont une valeur réelle. Et avec la course mondiale à l’IA, les données sont en fait au centre de ce qui créera le meilleur modèle d’IA. »
*Sur le manque de souveraineté numérique :
« Comment les Africains peuvent-ils être déconnectés d’Internet en un clin d’œil parce que nous ne contrôlons pas ces câbles ? Il n’y a pas de souveraineté dans le contrôle de la technologie que nous utilisons, là où les données circulent. C’est un appel immense pour le continent africain. »
*Sur l’exploitation économique et la taxation :
« Lorsque les grandes entreprises technologiques […] extraient des données de nos pays et les monétisent ailleurs, elles doivent être taxées pour ces données, car c’est du vol. […] ces données sont utilisées et monétisées en dehors du continent africain, et aucune taxe n’est payée sous prétexte que cela se passe dans un espace numérique. »
*Sur la nécessité de requalifier juridiquement la donnée :
« En Chine, la Chine considère les données comme une ressource. Ils l’ont même codifié dans leur loi. Les pays africains ne codifient pas les données comme une ressource. Ils ne les considèrent pas comme une question de sécurité nationale, comme quelque chose que nous valorisons. »